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La plupart des formations en création d’entreprise se font par des méthodes explicatives : les futurs entrepreneurs apprennent à nager sur la plage.

Une fois lancés, ils se retrouvent seuls avec des projets souvent balayés par la réalité.

Le dispositif d’apprentissage dénommé AFEST (Apprentissages et Formations en Situation de Travail) permet de tenir compte des réalités du terrain, et surtout des ressources limitées de l’entrepreneur.

Quand la nécessité fait loi

Il est plus facile de devenir entrepreneur si on dispose déjà d’un capital financier, d’un bagage culturel et d’un carnet d’adresses : le porteur de projet porte alors un projet !

Mais la plupart des créations d’entreprise se font par soit par dépit (reconversion, difficulté à trouver un job), soit par désinvolture (problème avec l’autorité, arrogance de la jeunesse etc).

Et dans ces cas là, le porteur de projet porte plus une situation personnelle qu’un véritable projet. Il est alors impératif de tenir compte des capacités personnelles et des ressources limitées de l’entrepreneur dans la conception même de l’accompagnement.

Un(e) entrepreneur(e) ayant deux enfants en bas âges et un(e) reproche ambulant(e) à la maison n’a rien à voir avec un(e) jeune de 25 ans sorti(e) d’école et qui vit chez ses parents.

Or la plupart des formations dispensées aux créateurs d’entreprise se font suivant un format classique par groupe. Il s’agit généralement d’une formation présentielle de quelques jours, avec un mix de méthodes explicatives et de cas concrets, le tout avec des participants venant de divers horizon.

L’avantage de ce type de formation est naturellement le retour d’expérience du formateur, et surtout le partage d’expérience entre les participants. On y apprend à faire un business plan, à élaborer une offre, à démystifier les notions comptables et juridiques etc.

Néanmoins, le problème de fond pour un futur entrepreneur n’est pas l’apprentissage, mais comment appliquer les apprentissages à son cas personnel.

Et l’entrepreneuriat étant un voyage au long cours, l’entrepreneur a besoin d’un guide présent sur le terrain avec lui.

Tenir compte de la nature du projet : boulangerie vs boulangerie équitable

Ensuite il faut tenir compte de la nature du projet de création d’entreprise. Un projet de vente de T-shirt écoresponsable n’a rien à voir avec un projet de société de conseils en RH.

Il y a deux types de création d’entreprise : les projets innovants et les projets classiques.

Un projet classique consiste à dupliquer ce qui existe déjà : une boulangerie classique, une entreprise de travaux généraux classique, une société de services informatiques dans une technologie bien connue etc.

Mais il suffit d’ajouter deux gouttes de citron dans un plat pour changer totalement le goût et faire de l’innovation : une boulangerie sans gluten, une entreprise de mise en relation pour faire des travaux, une société de services informatiques en intelligence artificielle etc.

Si quelqu’un souhaite monter une boulangerie classique pour vendre du pain et des croissants, les éléments appris en formation seront alors centraux (business plan, statuts, tableaux de gestion…), notamment s’il décide de faire appel à une banque ou à des investisseurs.

Un business classique reste plus ou moins circonscrit : on sait a priori à quoi s’en tenir. Dans l’exemple d’une boulangerie classique, il existe des éléments tangibles comme le prix du fonds de commerce – voire des études de marché – pour faire quelques prévisions de chiffre d’affaires.

En revanche, si quelqu’un souhaite livrer des viennoiseries sans gluten dans des zones d’affaires, le business modèle risque de subir plusieurs changements.

Plus le business modèle est innovant, plus les éléments appris en formation (notamment le business plan) seront difficiles à transférer dans la mise en place du projet.

Comment croire à un business plan avec des chiffres sortis d’on ne sait où, avec des hypothèses très subjectives ?

Comment appliquer les apprentissages dans la vraie vie d’entrepreneur ?

C’est ici que la méthode AFEST peut entrer en jeu.

L’AFEST permet tout d’abord de positionner la formation en fonction du profil de l’apprenant et de la nature son projet. En résumé, un jeune qui se lance dans la vie professionnelle n’aura pas le même parcours d’apprentissage qu’un senior en reconversion.

Une fois l’apprenant correctement positionné, un plan de parcours peut être conçu pour prévoir des séquences de feed-back sur un prototype de test du projet.

Le prototype de test servira alors de situation professionnelle apprenante.

Par exemple, avant d’investir dans une vraie boulangerie sans gluten, le concept peut être testé dans un petit corner en location, avec des quantités limitées. Les produits, les prix et les emplacements pourraient alors être testés au fur et à mesure avec le feed-back du formateur.

C’est une bonne astuce pour tester et valider les projets présentant des incertitudes, et d’apprendre à faire des prototypes de test en grandeur nature. Au lieu de passer la formation à remplir un fichier Excel de plan de trésorerie et de compte de résultat prévisionnel sur 5 ans, il est plus sage d’adopter ce type de démarche plutôt agnostique. Quand on a un bandeau sur les yeux, on essaie de marcher en tâtonnant.

Un autre jalon de la méthodologie AFEST est l’analyse réflexive qui consiste à prendre de la hauteur pour apprendre de sa propre expérience. L’apprentissage ne se fait pas en amont par un formateur qui sait tout, mais le formateur aide l’apprenant à prendre du recul afin d’apprendre des leçons spécifiques à son propre projet. Ces analyses régulières de pratiques professionnelles, permettent alors à l’entrepreneur d’ajuster le tir en cours de route, en fonction des réalités du terrain, et surtout en fonction de ses propres capacités et ressources.